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Souvent minimisé, l’aspect économique lié aux télé-réalités permet de mieux comprendre la longévité de ces programmes. Et de mieux cerner cette démesure qui a envahi nos écrans.

La question qu’il faut se poser est la suivante : comment faire en sorte de fabriquer un programme qui rapporte, qui va être acheté par des annonceurs et qui va intéresser beaucoup de téléspectateurs sans coûter trop cher ? La réponse est simple : la télé-réalité. Selon Valérie Patrin, spécialiste des transformations médiatiques, c’est « ça le cœur de la télé-réalité, et sa vrai réussite. »

 

Premièrement, ces émissions se basent sur une économie de participation : celle des candidats. « On met au travail le participant gratuitement, ce qui fait qu’on a des bénévoles qui sont consentants, qui se précipitent même au portillon et qui candidatent pour avoir la chance de participer », explique la maître de conférences au CELSA. Les chaînes se retrouvent avec un vivier de potentiels candidats, certains prêts à tout pour intégrer ces programmes. Au début de la télé-réalité, il n’y avait aucune réglementation, aucun statut pour les candidats. Les chaînes décidaient des sommes qu’elles reversaient aux participants. En 2001, autour des 700 euros par semaine pour les Lofteurs. Pour les chanteurs de la Star Academy, en 2006, c’était 600 euros par semaine. 400 euros pour Secret Story. Depuis 2009, et une plainte déposée par des candidats de l'Ile de la tentation, la Cour de cassation a assimilé la participation à un jeu de télé-réalité à un contrat de travail, qui doit être rémunéré comme tel. Les candidats sont désormais titulaires d'un CDD ou d'un CDI dès leur entrée dans le jeu.

 

Un bon programme coûte presque deux fois moins cher qu'un film. A titre indicatif, Star Academy coûtait en moyenne 610 000 € par émission contre 1 200 000 € pour le passage d'un film. Le calcul est vite fait. Le journal Le Monde révèle en 2002 qu'une diffusion de cette émission en début de soirée coûte moins cher à produire qu'un match de football de l'équipe de France. Et rapporte beaucoup d’argent aux chaînes.

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Evolution

" un genre hybride où se même fiction et réelle."

" Très vite la télé-réalité a 

été considéré comme de la

télévision poubelle"

Mais là où les chaînes sont fortes, et où elles l’ont toujours été, c’est qu’elles rentabilisent très facilement le coût de fabrication d’une émission par la vente de spots publicitaires. Lors de la finale de Star Academy en 2003, le prix des spots publicitaires a progressé d’environ 18 % par rapport à l'année précédente. Même son de cloche lors de la saison 3 de Secret Story, puisque les publicités permettent de réaliser un chiffre d'affaires d'environ 2 800 000€ par émission, soit une progression de 19% par rapport à la moyenne des émissions diffusées lors de la saison 2. D’un point de vue strictement économique, il paraît logique que les chaînes abusent de ce format, qui rapporte deux fois plus qu’il ne coûte à produire. Mais très vite, les audiences ont commencé à chuter. Pourquoi ? Parce que la promesse de départ, de spontanéité de la part des candidats ne peut fonctionner qu’une seule fois. Par exemple, En 2002, l'audience de la finale de Loft Story passait de 49,6% à 27,9%. La motivation des candidats, comme nous l’expliquons dans cet article, change. Évolue. Alors les chaînes gardent la même recette, mais l’adapte. « Les ingrédients sont des ingrédients qui expliquent la permanence de ce type de programme depuis 2001 avec des évolutions substantielles. Mais le fait que ces programmes là continuent à exister c’est parce que vous avez une économie de la participation donc on va fabriquer un programme qui intéresse le public, pour pas cher. »

 

Bienvenue aux émissions de télé-coaching, concours de cuisine, aux émissions qui recyclent les anciens candidats de télé-réalité, celles qui vous aide à perdre du poids, trouver l’amour, éduquer vos enfants et trouver un appartement. Valérie Patrin l’explique très clairement : « On a transformé ce créneau en quasiment son contraire avec les émissions de télé-coaching où là, on est plutôt sur la télévision “bonne fée”, la télévision “magicienne”, “enchanteresse”. C’est le contraire, mais du point de vue économique et du dispositif, il y a énormément de points communs. Mais le ressort initial dans la télé-réalité c’est de dire « on va fabriquer un dispositif qui vous sort de la vrai vie ». La télé-coaching dit l’inverse. Elle dit la vraie vie c’est difficile : s’occuper de ses enfants, trouver un appartement, faire à manger, perdre ses kilos après sa grossesse, continuer a aimer son corps, trouver un boulot, vendre un appartement, décorer sa maison. Donc c’est toutes ces émissions où les gens n’ont pas besoin d’avoir de compétences particulières. On est loin des performeurs. Là c’est l’anonyme en tant qu’anonyme. » Toutes ces émissions reprennent les codes de la télé-réalité : confessional, story-telling, participation du public, des gens « normaux » comme candidats. Ainsi que la rentabilité qui l’accompagne. D’où la longévité des télé-réalités, qui continuent d’envahir nos écrans.

 

« C’est ça le cœur de la télé-réalité, et sa vrai réussite. »

 

Valérie Patrin

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