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Des chiffres, en veux-tu, en voilà ! 6 millions de téléspectateurs pour Koh-Lanta, plus de 1 300 000 pour Secret Story 10, pas moins de 7,2 millions d’amateurs du télé-crochet pour le retour de The Voice… Le lancement des nouvelles saisons est un carton plein. Entre aventure, concours de talents et défis culinaires, le téléspectateur n’a que l’embarras du choix. Alors, pour quelles raisons le public regarde-t-il ces programmes, pourtant souvent critiqués et rabaissés ?
« On regarde ce que l’on reconnaît ». Non, ce n’est pas le nouveau slogan pour une marque de miroirs, mais bien le credo phare des programmes d’enfermement. Toutes les situations de conflits, de peur ou de rapprochements parlent à chacun d’entre nous. Le programme met en résonance notre propre réalité. On se reconnaît à travers les histoires d’amitié, d’amour et d’inimitié des candidats. Le téléspectateur peut vivre, grâce à eux, une existence rêvée par procuration. Ils vivent la célébrité à travers leurs candidats favoris. De la Loft génération à Secret Story 10, un élément demeure : les candidats. On ne suit plus un programme, mais quelques candidats. Le téléspectateur les suit au quotidien, découvre leurs vies, prend parti dans leurs conflits… Tout particulièrement les adolescents, puisqu’ils sont dans une phase de transition entre une enfance pas tout à fait finie et une maturité pas encore assumée. Ils vivent à travers un candidat qui leur ressemble, ou à qui ils voudraient ressembler, et s’y identifient. Et pour intéresser, rien de mieux que d’être vrai, ou en tout cas de le laisser paraître. Noël Mamère et Patrick Farbiaz écrivent dans l'ouvrage « La Vie Rêvée Du Loft » : « Les séquences tournées par des caméras infrarouges ressemblent à des scènes de vidéos gag. Elles sont approximatives et mettent en scène l’authenticité ».
S’inspirer d’eux comme de modèles, c’est ce qu’on appelle le mimétique comportemental.
vous aurez toujours
une bonne raison
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Se vider la tête
Se poser dans son canapé, allumer la télé, zapper jusqu’à tomber sur Les Anges 9 ou Secret Story 10 : qui d’entre nous n’a jamais fait ça une fois dans sa vie ? Les émissions d’enfermement intéressent car elles ne demandent pas beaucoup d’efforts de réflexion et sont prises avec amusement. On peut être simple spectateur de la télé et devenir télé-acteur par le vote. Finalement, s’abandonner à regarder la vie quotidienne des autres permet, l’espace de 45 minutes, d’oublier nos propres soucis du quotidien. Le fait de prendre cela avec amusement rend le ridicule acceptable et drôle.
Et vous qu’en pensez-vous ?
Sur 70 femmes interrogées, 17 font une lecture “second degré” de la télé-réalité dans le but de se détendre. 14 regardent pour rire des candidats ou du programme sans prendre ces émissions au sérieux.
Toutefois, parmi les 88 personnes interrogées, peu nombreuses sont celles qui nous ont répondu se servir de la télé-réalité d’enfermement comme d’un outil de sociabilisation.
« Comme les autres en parle, on se sent obligé de suivre, ne serait-ce que pour savoir ce qui s’est passé »
Nathalie Nadaud Albertini
Du buzz du buzz du buzz
Ce qui plaît, c'est le mélange de réel et de fiction. Le téléspectateur se sent impliqué et n’a qu’une hâte : qu’il se passe quelque chose. Mais attention à ne pas prendre le public de télé-réalité pour des personnes dupes. Ils savent différencier la fiction de la réalité, et ne veulent pas être manipulés par les images qu’on leur montre.
« Ils tiennent à insister sur le fait qu’il font tout pour ne pas être manipulés », explique Céline Ségur. « Ils ont conscience que le média peut les manipuler, ils ont conscience que dans ce type de programme tout est mis en scène, tout est orchestré pour influencer la perception que les téléspectateurs vont avoir des candidats et la stratégie des téléspectateurs est justement de ne pas se laisser duper ».
Et en effet, la majorité des 88 personnes interrogées disent savoir distinguer le réel du fictionnel. Beaucoup évoquent la même critique : celle de la scénarisation et la manipulation de la réalité.
En regardant ce type d’émission, le téléspectateur recherche de l’authenticité. Cela se traduit par des défis, de gags, le direct et la transparence de la vie des candidats.
Le télé-spectateur s’approprie l’intimité des candidats. La télé-réalité est un jeu de miroirs et de miradors dans lequel chacun surveille tout le monde. Le téléspectateur a un sentiment de toute puissance : il peut écouter au confessionnal sans jamais se faire repérer, il peut décider du sort de chacun en l’éliminant.
Entre fantasmes, voyeurisme et réalité
« Il y a des exhibitionnistes dans l’écran et des voyeurs qui regardent l’écran. »
- Dominique Duforest
« Les gens se rendent pas compte qu'ils sont en train de regarder des rats dans une cage »